La densité politique et les écarts régionaux révèlent un potentiel de simplification et de rationalisation
Une nouvelle étude menée par Jean Hindriks (Itinera, UCLouvain) et Alexandre Lamfalussy (Itinera, UCLouvain) sur la taille du secteur politique en Belgique révèle d'importantes différences régionales. La Wallonie et Bruxelles ont beaucoup plus de personnel politique que la Flandre. "Il faut une véritable stratégie de simplification et de qualité de la gouvernance, une stratégie collective pour des gains de productivité de 20 % à tous les niveaux. « On peut dégrossir les effectifs politiques sans nuire, mais il faut aussi simplifier pour améliorer la gouvernance politique", a déclaré Marc De Vos, co-directeur général d'Itinera.
Notre pays est confronté à de profondes réformes. L'heure de vérité budgétaire a sonné. L'important déficit budgétaire nous oblige à maîtriser les dépenses courantes. Le gouvernement a un rôle exemplaire à jouer dans ce domaine, mais dans notre pays, les dépenses publiques sont supérieures d'environ 4,5 points de pourcentage du PIB à la moyenne des principaux pays voisins. Il y a donc une marge pour une meilleure gouvernance.
Le personnel politique constitue un poste de dépenses important. Notre système politique complexe a un coût élevé et ne garantit pas suffisamment des politiques efficaces. D'après le rapport détaillé de Hindriks et Lamfalussy, la Wallonie et Bruxelles disposent d'un personnel politique particulièrement considérable à presque tous les niveaux de gouvernement.
Quelques observations à partir des derniers chiffres disponibles :
- La Communauté française et la Wallonie comptent deux fois plus de députés par habitant que la Flandre, Bruxelles quatre fois plus. Avec 592 députés répartis dans plusieurs parlements, la Belgique a l'une des densités parlementaires les plus élevées.
- Par million d'habitants, la Wallonie et Bruxelles comptent plus de trois fois plus de ministres que la Flandre.
- Par million d'habitants, la Flandre compte 40 membres de cabinet. La Wallonie et Bruxelles réunies en comptent 213.
- Il y a deux fois plus de conseillers provinciaux par habitant en Wallonie qu'en Flandre. En outre, les cinq provinces wallonnes emploient trois fois plus de personnel par habitant et dépensent trois fois plus par habitant que les cinq provinces flamandes. Les dépenses de personnel par habitant sont quatre fois plus élevées dans les provinces wallonnes.
- Il y a deux fois plus de mandataires communaux par habitant en Wallonie qu'en Flandre.
- La Wallonie compte deux fois plus d’intercommunales (et d’administrateurs) par habitant que la Flandre. L'effectif moyen d'une intercommunale wallonne est trois fois plus élevé que celui d'une intercommunale flamande.
L'analyse de Hindriks et Lamfalussy met en évidence un important potentiel d'économies en Wallonie et à Bruxelles. En Flandre, ce processus est déjà en cours.
Itinera approuve cette analyse et souligne qu'il ne faut pas se limiter à réduire les effectifs politiques. "Le gouvernement doit être plus efficace et productif, y compris en Flandre. Les pouvoirs fragmentés doivent être rassemblés pour permettre des réponses politiques rapides et cohérentes", déclare Marc De Vos. C’est aussi ce que suggère l’analyse de Hindriks et Lamfalussy.
Une deuxième intervention devrait être un sursaut de qualité en apportant de l'expertise dans l'administration. "Cette culture fait défaut dans notre pays, ce qui rend nos ministres très dépendants de cabinets de conseil coûteux pour des projets ad hoc. Or, les sociétés de conseil commercialisent leur expertise et cultivent les dépendances", explique M. De Vos. "Il est donc important de rationaliser, mais ce n'est qu'une première étape. Une véritable stratégie de simplification et une gouvernance de qualité sont indispensables. Itinera appelle à une stratégie collective pour des gains de productivité de 20 % durant la prochaine législature, à tous les niveaux de gouvernance : 20 % de règles en moins et/ou des procédures et des actions publiques à meilleur impact."