Vers l'aperçu

La Belgique n'est pas prête à faire face à une crise de grande ampleur

À l'heure actuelle, la Belgique n'est pas en mesure de faire face à une crise à grande échelle. C'est ce qui ressort d'un nouveau rapport d'Itinera, intitulé “Gestion de crise en Belgique: dans quelle mesure le pays est-il préparé?”, rédigé par le chercheur Julien De Wit.

Le rapport affirme que, malgré une base institutionnelle solide avec un centre de crise permanent et une structure de crise par étapes, notre pays est en réalité en proie à la fragmentation, au chevauchement des compétences et à une coordination ad hoc. La collaboration entre les niveaux fédéral et régional est particulièrement insuffisante.

“Les crises ne sont plus des exceptions, elles sont devenues la nouvelle norme. La Belgique doit repenser structurellement sa gestion des crises si elle veut conserver sa résilience dans un monde de plus en plus complexe”.

UNE STRUCTURE VULNÉRABLE DANS UN PAYS COMPLEXE

Avec sa forte densité de population, son infrastructure dense et son économie ouverte, la Belgique se trouve dans une position unique, mais vulnérable. Combinée à une structure étatique complexe, cette situation rend le pays particulièrement sensible à la lenteur administrative et au manque d'unité de commandement en situation de crise.

DE LA FRAGMENTATION À LA RÉSILIENCE

Itinera propose une série de recommandations politiques concrètes pour rendre la Belgique plus résiliente, inspirées des bonnes pratiques en vigueur en Allemagne, aux Pays-Bas, en Suède et au Royaume-Uni:

  • Renforcer la coopération entre les autorités fédérales et régionales. Rendre la coordination interfédérale structurelle, avec des normes uniformes en matière de planification d'urgence et des analyses de risques communes.
     
  • Accélérer la prise de décision en temps de crise. Définir des seuils d'escalade clairs et attribuer au Centre de Crise National un rôle précis par rapport aux autres organes de concertation.
     
  • Miser sur une communication claire et unique. Désigner le CNCC comme coordinateur central et prévoir un seul porte-parole par crise. Investir dans une communication compréhensible et une sensibilisation proactive des citoyens.
     
  • Développer l'autonomie technologique et une culture d'apprentissage des risques.
    Réduire la dépendance à l'égard des technologies étrangères et mettre en place un mécanisme d'évaluation indépendant, à l'instar du Conseil néerlandais de recherche pour la sécurité.
     

CODE DE PLANIFICATION D'URGENCE: UN PAS EN AVANT, MAIS PAS UNE FIN EN SOI

L’approbation du projet de Code de planification d’urgence et de gestion de crise, le 29 mars 2024, constitue selon Itinera une avancée positive vers plus de clarté et de coopération. Toutefois, selon Julien De Wit, le code reste “pour l'instant trop limité pour s'attaquer de manière structurelle à la fragmentation persistante de la gestion de crise en Belgique”.

“Un système de gestion de crise performant nécessite des compétences claires, une coopération structurelle et une culture du risque profondément ancrée”, conclut Julien De Wit. “Ce n'est qu'ainsi que la Belgique pourra renforcer durablement sa préparation et son efficacité”.

Crisismanagement in belgie_FR.pdf
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