Vers l'aperçu

Que notre gouvernement arrête de creuser la dette sur le dos des jeunes

Il faut que notre gouvernement et notre société civile abandonnent enfin cette politique qui consiste à creuser la dette sur le dos des jeunes dans le but d’assurer le confort d’aujourd’hui.

Garder le contrôle du budget dans les deux prochaines années, sans vraiment économiser et en même temps éviter une sanction européenne semble le seul objectif aujourd’hui. La "méthode de la râpe à fromage" qui est trop souvent utilisée n’a permis que des économies insignifiantes. La Commission européenne se montre très critique à l’égard du budget belge. Comme cinq autres pays, la Belgique est créditée d’un "insuffisant" pointé. Elle fait trop peu d’efforts pour assainir son budget et, surtout, dépense trop.

Bonne gestion

Il faudrait absolument nuancer l’idée (trop répandue) que redresser une bonne fois les choses aura pour effet de ralentir l’économie. Il y a bien longtemps que notre pays n’a plus atteint l’actuelle croissance économique. De plus, la moitié de l’amélioration obtenue sous sa législature, le gouvernement la doit à la faiblesse des taux d’intérêt, et donc des charges d’intérêt. Quant à l’autre moitié, elle provient pour une grande partie de nouvelles taxes. La question est donc : si nous n’arrivons pas à l’équilibre alors que le vent nous pousse dans le dos, quand y arriverons-nous ?

Ce qui fait vraiment défaut à ce gouvernement, comme au précédent d’ailleurs, c’est une modernisation des services publics. La "méthode de la râpe à fromage" prive de nombreux gestionnaires publics de leurs moyens de fonctionnement. Pendant ce temps, des structures et statuts rigides sclérosent la mobilité interne, et une restructuration en profondeur se fait attendre.

De nombreuses structures de la sécurité sociale se résument encore toujours à être de simples caisses de paiement. Il y a beaucoup de choses à rationaliser, sans toucher bien sûr au cœur de la sécurité sociale. Le gouvernement doit objectiver ce débat, et doit le faire rapidement. C’est une évidence !

Dans le secteur des soins de santé, il est déjà possible de bien évaluer le bénéfice que peut apporter pour la santé chaque nouvel investissement dans des médicaments. Ce modèle doit être élargi aux autres secteurs. Le gouvernement doit maintenant initier une vaste analyse coûts-bénéfices de la sécurité sociale, et généraliser cet exercice à tous les domaines politiques. Cela permettra d’objectiver de vraies réformes qui seront durables, cela brisera une spirale de gaspillage, et ce sera tout bénéfice pour le caractère social de la politique.

De façon un peu inattendue, le gouvernement actuel a initié avec vigueur et détermination une série d’actions importantes dans des domaines où les réformes politiques se faisaient attendre depuis de longues années : les pensions, les soins de santé et la fiscalité, par exemple. Il peut encore laisser ce grand héritage dont notre pays a le plus grand besoin, mais pour cela il faut qu’il poursuive son action avec courage au moins dans ces différents domaines. Et qu’il arrête de prendre de petites mesures ponctuelles, et négocie plutôt un virage structurel.

Légitimité et détermination

Collectivement (leaders politiques, citoyens et société civile), nous devons prendre conscience du fait qu’il faut changer pour aller mieux. C’est-à-dire montrer plus d’ambition pour les vrais grands défis de notre époque. Ceci exige une vraie solidarité, qui dépasse la simple somme des intérêts privés. Oui, nos concitoyens devront faire preuve de résilience, mais il faut regarder la pénible vérité en face.

Il faut souligner les perspectives pour nos enfants et nos petits-enfants, et il faut que notre gouvernement et notre société civile abandonnent enfin cette politique qui consiste à creuser la dette sur le dos des jeunes dans le but d’assurer le confort d’aujourd’hui. Il faut rétablir une cohésion sociale attractive et la confiance en la société; proposer une vraie vision stratégique et un agenda systémique de l’efficacité politique. La population est déjà prête pour cela, reste à présent à mettre en place la politique pour le faire. Plus de blablas mais des actes, pas d’excuses mais des décisions tournées vers l’avenir. La population se rend bien compte que les scénarios sont prêts, mais que l’on n’y arrive tout simplement pas. Il faut briser cette entropie.

Quelques bons exemples à l’étranger montrent qu’un gouvernement peut se juger sur ce qu’il a effectivement mis en place et ce qu’il atteint réellement comme résultat. C’est la "science de l’implémentation politique". Pour cela, il faut communiquer clairement sur les réalisations, mais les rapports sur les résultats restent rares.

Les mesures effectuées sont trop limitées pour permettre de fixer sur cette base des objectifs à long terme. Il faut s’inspirer de ces exemples à l’étranger, et maximiser le potentiel de changement. Le niveau de la dette publique et de la pression fiscale en Belgique exige une gestion de crise. Il faut arriver à un meilleur résultat, en mettant en œuvre moins de moyens mais en le faisant de façon plus affinée. C’est une vérité pénible à exprimer, mais la population l’a déjà comprise depuis longtemps.

Tous les Belges sont familiarisés avec le principe des objectifs à long terme, de la mise en œuvre appropriée de moyens pour atteindre des buts bien précis. La marge d’amélioration est énorme : infrastructure, déploiement du grand plan des pensions sur lequel il y a un consensus, réforme de l’enseignement, et fin de la mascarade coûteuse et outrageante de la gestion bruxelloise.

La bonne gestion est un thème crucial au niveau local aussi, qui reviendra certainement à l’avant de la scène lors des prochaines élections communales.