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Les (télé)travailleurs frontaliers en Belgique - Infographie 1

Vivre dans un pays à proximité de la frontière et travailler de l’autre côté de la frontière, c’est une tendance notable du travail frontalier en Belgique. Le développement du télétravail depuis la crise Covid a brouillé la distinction entre lieu de travail et lieu de résidence pour les frontaliers, rendant caduque l’obligation de traverser la frontière au moins une fois par semaine.[i] Cette infographie examine l’origine et la destination des travailleurs frontaliers en Belgique ainsi que son évolution depuis 15 ans.[ii]

Les frontaliers entrants

Les frontaliers entrants

Figure 1

On dénombre 52.815 non-résidents qui traversent les frontières pour exercer leurs activités en Belgique, dont 75% résident en France, 22% résident au Pays-Bas, et une infime minorité résident en Allemagne ou Luxembourg. En vertu des conventions de double imposition, le pays d’emploi est devenu la règle et donc ces travailleurs paient leurs impôts sur les revenus professionnels en Belgique. La répartition de ces travailleurs selon le pays d’origines n’a pas changé depuis 15 ans (voir Figure 2), mais on constate une hausse significative du nombre de travailleurs frontaliers français, hollandais, et luxembourgeois, avec des hausses respectives de 59%, et 36%, 32%. A l’inverse, on observe une baisse de 21% du nombre de travailleurs transfrontaliers venus d’Allemagne depuis 2007. Le flux entrant de travailleurs Français s’est aussi ralenti depuis l’accord fiscal de 2012, qui instaure la taxation dans le pays d’emploi, éliminant de la sorte le bénéfice d’une fiscalité plus faible en France. La Belgique reste cependant attractive pour les frontaliers français, car le salaire brut y est en moyenne plus élevé.[iii]

Evolution de l'origine des frontaliers entrants

Figure 2 (Source : INAMI 2023 et calculs propres)

Les frontaliers sortants

Destination des travailleurs sortants

Figure 3

La dynamique des flux sortant est totalement différente. On dénombre 86.034 résidents belges qui travaillent dans les régions frontalières. Parmi ceux-ci, plus de la majorité, 56% travaillent au Luxembourg, 26% au Pays-Bas, et le reste travaille en France (10%) ou en Allemagne (8%). En vertu de la convention fiscale du pays d’emploi, ces travailleurs paient leurs impôts sur les revenus professionnels à l’étranger mais déclarent néanmoins ces revenus déjà taxés dans leur déclaration fiscale belge sur lequel un impôt communal est imputé.[iv] En 15 ans, le nombre de résidents belges allant travailler au Luxembourg, en France et en Allemagne a augmenté de respectivement 47%, 53% et 34% (voir Figure 4). A l’inverse, le nombre de résidents belges allant travailler au Pays-Bas a diminué de 28%. Cette évolution a modifié la distribution des travailleurs belges, ces derniers privilégiant désormais largement le Luxembourg. Ce choix s'explique par le fait que le Luxembourg affiche le salaire moyen le plus élevé de l'Union européenne[v].

Evolution de la destination des frontaliers sortants

Figure 4 (Source : INAMI 2023 et calculs propres)

Un solde net sortant

Le solde global du travail frontalier est un flux sortant net de 33.219 travailleurs frontaliers belges. Ce solde global est stable depuis 2007 avec deux tendances opposées : une forte hausse du flux sortant net vers le Luxembourg (+47%), et une forte baisse du flux sortant vers les Pays-Bas (-55%). On pourrait s’inquiéter du manque à gagner fiscal du fait de l’imposition au pays d’emploi, mais il faut relativiser. Premièrement, ces flux représentent moins de 1% de l’emploi total en Belgique. Deuxièmement, ce travail frontalier est une source précieuse d’emploi pour 86.034 belges qui résident souvent dans des zones à faible activité économique et dépendent exclusivement du régime de sécurité sociale du lieu de travail, soit majoritairement le Luxembourg. En outre 52.815 non-résidents frontaliers, majoritairement français, travaillent et paient leurs impôts chez nous et sont soumis à la sécurité sociale belge.[vi]

 

[i] Les travailleurs frontaliers et leurs employeurs sont en principe soumis à la sécurité sociale de l’état du lieu de travail à condition qu’ils ne travaillent pas plus de 25% du temps dans leur état de résidence. Durant le confinement le télétravail est devenu réalité avec 100% des prestations depuis le lieu de résidence.

[ii] Analyse basée sur les données de l’INAMI.

[iii] En outre, en France, le pécule de vacances, la prime de fin d’année ou le 13ème mois n’existent pas.

[iv] La convention Belge-Lux permet d'exempter les frontaliers belges de la taxe communale puisque le Luxembourg verse un forfait aux communes Belges en fonction du nombre de frontaliers y résidant.

[v] Source :  Eurostat Average full time adjusted salary per employee

[vi] Concernant le télétravail, depuis le 1er juillet 2023, les travailleurs frontaliers peuvent, sous certaines conditions, télétravailler depuis leur pays de résidence pendant maximum 50% de leur temps de travail sans qu’il n’y ait de changement concernant le régime de sécurité sociale unique applicable qui reste celui du pays d’emploi.