Il est moins une: Le temps est venu pour une autre politique de migration et d'intégration

Autrefois pays d’émigrants, la Belgique est devenue depuis un demi‑siècle un véritable ‘aimant à immigrés’. En ce qui concerne l’absorption annuelle de nouveaux immigrants, la Belgique n’est pas en reste face aux nations de migrants classiques que sont les États‑Unis ou le Canada. Toutes proportions gardées…En Europe, la relégation au second plan des immigrés non européens et de leurs descendants n’est nulle part aussi importante qu’en Belgique. Cette spirale négative doit cesser. Il n’y a plus aucun temps à perdre, il est moins une.Gérer la migration et stimuler l’intégration et la participation figurent parmi les principaux challenges de notre époque. Le capital humain est le fondement même d’une société et de son économie. La Belgique sera une nation de migrants qui a réussi son immigration, ou ne sera pas.Itinera plaide en faveur d’une stratégie globale couvrant l’ensemble du cycle de l’immigration, de l’intégration et de la participation. La complexité propre à la Belgique requiert aussi la mobilisation et la coordination des politiques dans les différents domaines. Deux grandes devises s’imposent dans ce contexte : mieux vaut prévenir que guérir, et mieux vaut guérir que laisser pourrir.Quelques données pour lancer le débat:

• Une approche totale par‑delà les niveaux de compétence, domaines politiques et acteurs est indispensable. C’est en effet la seule façon d’amener un revirement dans la problématique d’activation et de relégation au second plan des immigrés et des Belges issus de la migration. Nous visons ici une politique de migration ferme, sélective mais équitable, une prévention par l’amélioration des résultats scolaires, une attention maximale pour la langue et les stages, une approche sur mesure combinée à des objectifs définis dans le cadre d’un pacte de participation largement soutenu, sans oublier l’intensification des efforts contre la discrimination dans les différents cadres de vie.
• Une politique efficace en matière d’intégration et d’intégration civique suppose une politique de migration réfléchie et soutenue. Une politique d’asile et de regroupement familial ferme et juste doit être équilibrée avec une politique sélective en matière de migration de maind’oeuvre. Une des caractéristiques essentielles d’une nation ayant réussi son immigration est d’avoir fait le choix stratégique d’une immigration plus organisée assortie d’un volet d’intégration largement développé.
• Un guichet d’accueil unique et intégré s’impose plus que jamais. Ce guichet unique doit être le point d’accès qui regroupe tous les services pertinents : accueil, intégration civique, logement, services d’accompagnement scolaire, CPAS, FOREM, Actiris, mutualité, etc. Détection rapide, implication et offre sur mesure doivent mettre chaque personne immigrée sur la voie d’une participation active à la société qu’elle aidera à façonner.
• La remédiation linguistique doit débuter dès le plus jeune âge. En rendant l’enseignement maternel obligatoire, le retard linguistique peut être pris à la racine et les parents peuvent être impliqués très tôt dans le processus. Le retard scolaire commence souvent dès le tout premier jour d’école. Plus l’intervention est précoce, mieux c’est.
• Les services de médiation à l’emploi et autres services liés au travail doivent viser une approche sur mesure. Il faut en finir avec une prestation de service uniforme, et passer à une gestion de carrière axée sur les compétences et la personne. Ceci doit se faire en parallele avec des objectifs clairs aux niveaux sectoriel et globale – qui doivent figurer dans un pact de participation – et avec une intensification de la lutte contre toutes discrimination.

Avec des contributions de : Anna Platanova, Bilal Benyaich, Dirk Jacobs, Fons Leroy, Jasper Dag Tjaden, Joris Michielsen, Joris Wauters, Jozef De Witte, Laurent Hanseeuw, Michèle Claus, Orhan Agirdag, Peter De Cuyper, Rachida Azdouz, Sabine Van Cauwenberghe, Sanne van de Pol et Stijn Baert.