Vers l'aperçu

Vivre ensemble

Au lendemain de la journée mondiale de la poésie nos pensées se portent vers les attentats de Bruxelles, d’il y a exactement un an. 32 morts et d’innombrables blessés graves sont le résultat hallucinant d’un motif tout aussi hallucinant : de la terreur, recouverte d’une couche douteuse de vernis religieux, vengeance pour 10 siècles d’histoire ou prix à payer pour une  jeunesse malheureuse. Commis par des jeunes sous l’emprise de la folie - criminels bien plus que terroristes - issus de parents ou de grands-parents arrivés chez nous et qui voulaient leur offrir un meilleur avenir. Nous étions confrontés à la globalisation soudaine de conflits mondiaux, jusque dans le cœur de notre pays et de notre vie.

Le choc a provoqué un relèvement du niveau d’alerte accompagné d’une exigence accrue de professionnalisme et d’efficacité de nos services de sécurité. Ce choc nous a aussi fait comprendre que la prévention totale n’existe pas vis-à-vis des actes de terrorisme.
La proximité brutale de la terreur nous a confronté aux lacunes de 60 ans de politique migratoire et d’intégration défaillante. Notre société multiculturelle s’est laissée bercer par notre naïveté légendaire : nous avions imaginé notre avenir comme une simple projection du passé.
Nous nous heurtions à notre amateurisme dans le développement de notre modèle sociétal et sa propagation. Sous la pression populiste et à défaut de vision commune, nous polarisions bien plus que nous ne pouvions intégrer, pour aboutir, aujourd’hui, à la vengeance de 60 ans d’intégration lacunaire.

Renoncer à la liberté pour mieux la préserver?

Contrairement à la  France, nous continuons, heureusement, à travailler en respectant les principes de l’État de droit. Mais un mal-être persiste. La tentation est grande de dépasser les limites de l’acceptable. La question de savoir quels  droits et  libertés sacrifier  pour préserver cette liberté est devenue confondante.
Rien ne prouve que l’approche répressive, l’imposition de l’état d’urgence et la militarisation remporteraient plus de succès. Mais gare à celui qui ose mettre cette tendance en question : il risque d’être tenu pour responsable du prochain attentat.

Un débat public mature?

Nous n’apprenons que lentement à mener un débat public serein sur les valeurs de notre modèle sociétal. Même si les attentats en ont fait plus que jamais ressentir le besoin, ces meurtres répugnants n’ont pas inspiré plus de nuance et de sérénité dans les débats publics. Les abus et la corruption au sein même de nos institutions sèment le doute dans l’opinion publique. Cela pourrait-il nous conduire à une catharsis et une réforme en profondeur de la gouvernance publique ?

Les fausses solutions, feront-elles place aux vrais solutions?

Nous sommes devenus des marchands d’émotions qui agitent de faux débats et proposent de fausses solutions. Le préambule constitutionnel - soi-disant indispensable à l’ancrage de l’état laïque - n’est-il pas aussi superflu qu’inutile? Le résultat purement symbolique d’une négociation interminable sur un sujet sans réelle importance?
Qu’est-ce qui empêche nos leaders politiques de dépasser les petits différends quotidiens avec leurs opposants en prônant un discours fédérateur porteur de progrès, d'inspiration et d’espoir? Qu’est-ce qui les empêche de dépasser la simple rhétorique dans les médias maintenant qu’ils savent qu’un réel plan d’avenir ne se réduit pas à un simple tweet, deux minutes de TV, ou trois réponses interrompues au cours d’un talk-show?
N’avons-nous pas laissé trop délaissé nos institutions jusqu’à ce qu’elles deviennent le monopole des partis et de leurs oligarchies?

Apprendre à vivre ensemble comme nous le voulons

Suite au choc des attentats, nous nous devons de mobiliser l’énergie et le courage de tout un chacun afin d’apprendre à mieux vivre ensemble. « Vivre ensemble » entre citoyens autochtones et allochtones, dont la majorité est née ici avec la nationalité belge, comme une richesse pour notre destinée commune.
Une société qui réapprend à regarder avec optimisme vers l’avant, avec une réelle ambition au niveau de la compétitivité, des résultats scolaires pour nos enfants et petits-enfants, de l’emploi pour tous, et de l’intégration sociale de tous les individus.
C’est alors que les anciens et les nouveaux belges, deviendront à nouveau des citoyens fiers prenant leur destinée en main.
C’est ainsi que nous partagerons ces valeurs qui nous sont chères et qui forment les fondements de notre Vivre ensemble.