Vers l'aperçu

Une camisole de force budgétaire attend la Belgique

Si le sommet de l'Otan, à La Haye, fin juin, fixe comme prévu une norme de dépenses de 5% du PIB pour la défense et la sécurité, la Belgique se retrouvera coincée dans un véritable carcan budgétaire. D'un côté, nous devons affronter les coûts du vieillissement, avec une augmentation des dépenses sociales d'environ 4% de notre PIB, dont plus de 3% au cours des dix prochaines années. De l'autre, nos dépenses vis-à-vis de l'Otan devraient également croître de plus de 3% du PIB dans les années à venir. En 2025, cela représenterait environ 37 milliards d'euros supplémentaires de dépenses publiques par an. Oui, vous avez bien lu.

Ces chiffres vertigineux risquent de plonger n'importe quelle coalition politique dans une quête de financement incessante. Les gouvernements pourraient ainsi se retrouver sous tutelle d'une bureaucratie internationale veillant à l'élaboration des budgets afin d'orienter les ressources vers les objectifs européens et de l'Otan. Ajoutez à cela des dépenses publiques déjà historiquement élevées, des dettes publiques qui s'envolent et des budgets en déficit en Belgique, sans oublier les variables incertaines comme les charges d'intérêts – déjà près de 2% de notre PIB chaque année – et l'influence des marchés financiers en matière de financement permanent des dettes publiques. On comprend que la politique belge pourrait bien se réduire à une gestion budgétaire téléguidée depuis le Berlaymont et le siège de l'Otan.

Cette augmentation des dépenses publiques pour la défense et la sécurité est une opportunité pour l'industrie et la technologie. Si nous jouons bien nos cartes, un marché européen en pleine expansion nous attend.

Un marché européen en pleine expansion nous attend

Comment échapper à ce carcan budgétaire? La première option est de stimuler la croissance économique. Le nouveau gouvernement allemand prévoit d'investir environ mille milliards d'euros dans les infrastructures, la sécurité et la défense. Pour la Belgique, cela équivaudrait à un pacte d'investissement historique de plus de 140 milliards. L'Allemagne part évidemment d'une situation budgétaire et d'une dette publique bien plus saine que la nôtre. Reste que, au sein de l'Otan, environ 1,5% du PIB sera probablement consacré aux investissements en sécurité. Cela représente, en chiffres actuels, près de 10 milliards par an pour des domaines tels que les infrastructures, les drones, la cybersécurité, les télécommunications et la sécurité des données.

Cette augmentation des dépenses publiques pour la défense et la sécurité est une opportunité pour l'industrie et la technologie. Si nous jouons bien nos cartes, un marché européen en pleine expansion nous attend, avec un potentiel de se hisser au rang de champion européen si nous nous y prenons intelligemment. En combinant intelligemment fonds publics et privés, il est aussi possible de créer un effet de levier pour des investissements rentables. Ajoutez à cela à une simplification ambitieuse de la bureaucratie et de la réglementation, à l'image de ce qui est fait en Allemagne, et vous faites un pas vers un potentiel de prospérité accru.

Il faudra faire des choix...

L'efficacité et la productivité représentent une autre voie pour desserrer ce carcan budgétaire. Il s'agit de formuler des objectifs à tous les niveaux de réglementation et de gouvernance, de mettre les meilleurs gestionnaires aux commandes et de les évaluer sur leurs résultats. Voilà la véritable culture dont nous avons besoin. Elle doit s'inscrire dans une approche globale pour stimuler la productivité, avec des ambitions en matière d'octroi de permis, de recherche et développement, d'activation, de mobilité, etc. Cela inclut également l'infrastructure physique et numérique que nous pouvons en partie réaliser grâce à nos nouvelles obligations de l'Otan.

Enfin, il y a les priorités. Nous vivons un tournant historique. Le dividende de la paix a disparu et les tâches essentielles de sécurité et de défense ont repris de l'importance. Cela exigera des choix. Que fera le gouvernement de demain non seulement mieux, mais aussi moins, voire plus du tout? Comment adapter notre fiscalité pour donner un maximum d'oxygène à ces initiatives? Et comment la Belgique, avec sa complexité institutionnelle, doit-elle évoluer pour gagner en efficacité? Des tabous devront être brisés, mais ce carcan budgétaire est aussi susceptible de rendre l'économie et les pouvoirs publics plus performants, avec de nouvelles opportunités et responsabilités pour chacun.