Marché de l’emploi et diversité : Etat des lieux et pistes d’analyses
En Belgique, le débat sur l’intégration des migrants de première, deuxième et troisième génération sur le marché du travail est pauvre. Le discours est bien souvent polarisé. Or, ce problème d’intégration ne date pas d’hier. Et l’absence d’amélioration notable de la situation témoigne de la stérilité tant du débat que des mesures prises pour faire face à ce défi. Or, le défi est de taille. A Bruxelles, plus de deux tiers de la population est d’origine étrangère ce qui en fait la ville la plus internationale au monde, après Dubaï. En Belgique, c’est environ un tiers des personnes de 18 à 60 ans qui sont d’origine étrangères. L’intégration de ce groupe sur le marché du travail est dès lors primordiale pour la cohésion sociale et la santé économique de notre pays. Cette intégration doit être comprise dans le contexte actuel. On assiste ainsi à une polarisation de l’emploi de nos économies dans un contexte de crise. Il y a une élévation de la part de l’offre de travail à la fois pour les personnes hautement qualifiées comme pour les personnes faiblement qualifiées. A l’inverse on observe une baisse relative des effectifs aux qualifications moyennes. C’est la polarisation du marché de l’emploi. La question de la participation au marché de l’emploi devient dès lors aussi une question liée au développement macroéconomique d’une économie en constante évolution. A côté de cela, on ne peut pas non plus se détourner des effets institutionnels propres à notre pays. Ceux-ci induisent une segmentation du marché du travail avec un marché primaire, où les conditions de travail sont bonnes et stables, et un marché secondaire où les emplois sont instables et offrent de moins bonnes conditions de travail. A cela s’ajoutent une série de mesures visant la mise à l’emploi mais qui ne semblent pas toujours être un tremplin de carrière. Ces mesures renforcent cette segmentation. Enfin, le manque de coordination opérationnelle régionale ne favorise pas la participation au marché du travail car si certains pôles comme l’emploi ou le logement sont bouchés dans certaines régions, ils ne le sont pas nécessairement dans d’autres.
Pour faire de la bonne politique économique il faut une vision claire de la situation. La position sur le marché du travail des personnes issues de l’immigration est analysée en profondeur dans le monitoring socio-économique, dont la deuxième édition vient d’être publiée. De nouvelles analyses voient donc le jour. C’est encourageant. Il en faut davantage. Cette seconde édition constitue un outil pour l’analyse future du marché du travail. Il illustre la gravité et l’urgence de la situation. Il traduit aussi la complexité du sujet. Il faut espérer qu’il débouche sur des études complémentaires car seule elle ne peut être un outil permettant d'orienter la politique publique. Le principal enseignement de ce rapport, au-delà de la position de chaque groupe, c’est la diversité des résultats selon l’origine, que ce soit en termes d’emploi, de chômage, d’inactivité et de mobilité socio-économique. Le diagnostic peut être posé. La Belgique ne parvient pas suffisamment à intégrer ses migrants et leurs enfants sur son marché du travail, fussent-ils arrivés hier ou aujourd’hui. Ils sont moins actifs, davantage au chômage et dans des emplois plus précaires. Cela est une tendance générale, une moyenne. Derrière cette vision d’ensemble, il faut analyser les disparités et relever leurs spécificités. Il faut tester l’importance des facteurs avérés et présumés. Et dans le cas de la Belgique, on peut également se demander si certaines variables explicatives sont plus importantes que dans d’autres pays. Sont-elles davantage liées à des caractéristiques observables de la population issue de l’immigration ou s’agit-il de facteurs qui ne sont pas observables : Le niveau d’éducation est-il plus déterminant en Belgique qu’ailleurs et/ou s’agit-il davantage d’une pénalité ethnique ? Sur base de ces tests et de leurs résultats, il faudra repenser notre politique en matière d’intégration sur le marché du travail. Le chemin est encore long.