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L’enseignement supérieur pour les masses: les professeurs tirent la sonnette d’alarme: il y menace sur la qualité

En ce début d’année académique, le groupe de réflexion d’Itinera se penche sur l’évolution de l’enseignement supérieur. Itinera a organisé une consultation au sein du corps professoral : 5000 universitaires, 1300 répondants. Les conclusions émanant des universités et hautes écoles livrent des constatations alarmantes. Les professeurs ob- servent que la course aux étudiants et la bureaucratisation de l’enseignement supéri- eur dominent. La course aux publications  pèse sur les professeurs au risque de baisser la qualité des recherches. Chargés de cours et professeurs deviennent les instruments pour générer et administrer des  budgets. Le niveau des étudiants est en partie problé- matique et la qualité des diplômes délivrés est menacée. Itinera plaide pour des me- sures structurelles qui ramèneront la qualité au centre de la mission de l’enseignement supérieur.



La course aux etudiants et la bureaucratisation dominent



77% des universitaires admettent que la profession académique dans leur université connaît une bureaucratisation et une standardisation croissantes. 70% trouvent que l’accroissement de la simple part de marché de leur université/faculté occupe une place toujours plus im- portante. La dynamique dominante de l’organisation universitaire est perçue comme une dynamique de croissance du volume, plutôt que d’excellence, encadrée par toujours plus de règles et un contrôle plus centralisé.



To publish is to perish: la quantite supplante la qualite



88% des répondants confirment que l’évaluation des professeurs/chargés de cours et le financement partiel des universités sur base des publications suscitent surtout une offre en quantité alors qu’il reste moins de temps et d’espace pour de la recherche réellement in- novante et qualitative qui requiert une plus longue préparation. C’est là une constatation alarmante. D’un point de vue sociétal et économique, seule compte la capacité de nos universités à produire une recherche véritablement innovante. Et cette capacité souffre de la contrainte explicite de publier vite et beaucoup.



Les professeurs doivent rapporter de l’argent



93% de tous les répondants déclarent que les professeurs doivent faire face à une pression grandissante qui les pousse à générer eux-mêmes des moyens, par exemple en encadrant plus de doctorats ou en décrochant plus de projets financés en externe.



C’est une évolution très inquiétante. Elle illustre le sous-financement des universités. Elle prouve qu’il existe une distorsion des tâches dans l’organisation de nos universités et hautes écoles. Professeurs et chargés de cours deviennent des instruments pour générer et admi- nistrer le budget, alors qu’ils devraient avant tout pouvoir se concentrer sur travail acadé- mique et scientifique avec le budget qu’on met à leur disposition.



Trop de docteurs : nivellement et gaspillage



57% des universitaires flamands déclarent que la qualité des doctorats diminue sous la con- trainte de publication. Ce chiffre monte à 64% pour le groupe des sciences biomédicales (médecins, pharmaciens, vétérinaires, etc.). Deux tiers de tous les universitaires de plus de 35ans – ceux qui peuvent le plus facilement comparer avec la situation passée – estiment que la qualité moyenne des doctorats en en baisse.



De plus, le nombre de doctorats délivrés avec succès augmente plus vite que le nombre de postes enseignants disponibles. Il y a un énorme gaspillage de talents : les jeunes doc- teurs doivent se trouver des activités dans les projets de recherche post-doctorale, ou ter- minent  tout simplement sur le marché de l’emploi dans des postes où ils ne peuvent pas valoriser leurs recherches et compétences acquises.



Tous à l’unif ?  Un appel a l’aide pour plus d’orientation



74% des universitaires qui donnent cours régulièrement en Belgique observent un recul de la qualité des étudiants qui démarrent leurs études, celle-ci étant mesurée en fonction des compétences de base nécessaires à la formation académique que ces chargés de cours dispensent. C’est une constatation alarmante sur le niveau réel des étudiants qui arrivent dans nos universités.



La valeur du diplome universitaire



Dans les universités belges, plus d’un professeur sur dix estime que moins de la moitié des étudiants effectivement diplômés méritent en fait leur diplôme. En communauté flamande, 72% s’inquiètent du degré élevé de la flexibilisation du programme d’études. Cette flexibilité rend l’accès à un diplôme universitaire encore plus aisé. L’accent mis sur les taux de réussite influence aussi la façon de coter des professeurs : plus d’un professeur sur quatre admet qu’il relève à 10/20 les cotes de 9/20 afin de maintenir les chiffres de réussite suffisamment élevés et/ou d’éviter les contestations après examens.



Besoin d’une reforme structurelle



Les chiffres sont parlants. Il y a unanimité : dans l’enseignement, la recherche, les projets et les doctorats, la balance penche trop vers la quantité au détriment de la qualité intrinsè- que qui est la marque de fabrique traditionnelle de l’enseignement supérieur. Les pouvoirs politiques et universitaires ont agrémenté le tout d’une sauce de standardisation, nivelle- ment et bureaucratisation dans laquelle le personnel académique est de plus en plus un simple instrument d’une production en masse de diplômes et de travaux de recherche. L’espace pour le travail fondamental et novateur est réduit. Le niveau des étudiants est en partie problématique et la qualité des diplômes délivrés est menacée.Tant au niveau politique élargi qu’à l’échelon des pouvoirs dirigeants des universités, facul- tés et hautes écoles, il faut réfléchir de manière fondamentale à des mesures structurelles pour remettre la qualité au centre de la mission de l’enseignement supérieur, sans pour autant remettre en question la nécessaire démocratisation de l’enseignement supérieur. Dès lors, il est essentiel de donner plus que jamais de l’espace à l’expression individuelle et personnelle qui a toujours été le fondement et la valeur essentielle du biotope académi- que et qui, aujourd’hui, se trouve asphyxiée sous les normes et les règles uniformes. L’avenir de la profession académique est en jeu.



 



Pour des informations détaillées, vous pouvez consulter l’étude sur www.itinerainstitute.org



Pour de plus amples informations, merci de contacter Jean Hindriks (Itinera): 0472 41 55 27


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