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Augmenter le taux d’emploi de 10% nécessite généralement des décennies

Bruxelles, 22 juin 2021 - Dans un nouvel article d’opinion, la cellule de réflexion indépendante Itinera se penche sur l’ambition exprimée par le gouvernement fédéral de relever le taux d’emploi dans notre pays de dix points de pourcentage à l’horizon 2030. Plusieurs exemples internationaux révèlent qu’une hausse aussi ambitieuse requiert généralement plusieurs décennies, comme il ressort de l’étude menée par Johan Albrecht, Senior Fellow chez Itinera et professeur à l’Université de Gand. Si la Belgique souhaite concrétiser son ambition, il est impératif d’œuvrer dès aujourd’hui à la mise en place de réformes drastiques.

Dans son accord de gouvernement, le gouvernement De Croo a déclaré vouloir porter le taux d’emploi belge à 80 pour cent en 2030. En 2019, ce taux s’élevait encore à 70,5 pour cent ; l’ambition nourrie par le gouvernement fédéral équivaut donc à une hausse de 10 points de pourcentage en moins de dix ans.

« Notre analyse montre qu’au cours des dernières décennies, d’autres pays européens ont réussi à rehausser leur taux d’emploi de 70 à 75 pour cent en l’espace de cinq ans. C’est surtout l’étape suivante, soit le relèvement à 80 pour cent, qui prend énormément de temps et exige des réformes. Des pays progressistes et prospères comme les Pays-Bas et l’Allemagne ont même mis plus d’une décennie à y parvenir. Le gouvernement De Croo place donc la barre très haut, ce qui implique que nous devions dès aujourd’hui mettre en œuvre des réformes drastiques sur notre marché de l’emploi mais aussi en matière de sécurité sociale et de fiscalité », estime Johan Albrecht, Senior Fellow chez Itinera.

Seule l’Estonie y est parvenue avant nous


Une hausse de 10 points de pourcentage du taux d’emploi est particulièrement ambitieuse. L’analyse réalisée par la cellule de réflexion indépendante Itinera nous apprend qu’en dépit de réformes en profondeur, l’Allemagne et les Pays-Bas ont eu respectivement besoin de 14 et 22 ans pour concrétiser une augmentation identique de leur taux d’emploi. En Europe, seule l’Estonie a réussi à enregistrer un essor de même niveau de son taux d’emploi, mais il s’agissait alors d’un mouvement de rattrapage après la chute considérable du niveau d’emploi dans la foulée de la crise économico-financière.

L’ambition du gouvernement De Croo n’est pas neuve. D’autres gouvernements l’ayant précédé ont également manifesté leur volonté de concrétiser une hausse importante du taux d’emploi – songez par exemple au Pacte de Vilvorde en 2001 et au Pacte des générations en 2005. Mais en dépit de ces ambitions, le taux d’emploi belge est resté majoritairement stable au fil des décennies écoulées alors que celui d’autres pays de la zone euro progressait plus nettement que dans notre pays. Entre 2000 et 2019, la hausse enregistrée par le taux d’emploi en Belgique s’est affichée à 4,7 pour cent. Au cours de la même période, la progression moyenne pour la zone euro s’est élevée à 7,1 pour cent.

« Il est frappant de constater que le taux d’emploi belge est resté très stable ces dernières années malgré les turbulences économiques que le pays a connues, comme la crise économico-financière ou la crise de l’euro,
et en dépit de la politique menée.  Peut-être est-ce le signe d’une économie extrêmement statique qui est incapable de réagir avec célérité à des stimuli externes ou endogènes. Si tel est le cas, une forte hausse du taux d’emploi risque surtout de rester de l’ordre du vœu pieux”, conclut Johan Albrecht.

 
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